Livre : L’immortalité biologique
Le vieillissement et la mort sont-ils biologiquement surmontables ? C’est à cette question que le Pr Hélène Merle-Béral réfléchit dans ouvrage « L’immortalité biologique », publié aux éditions Odile Jacob.
Pour elle, l’immortalité biologique existe : c’est, selon la définition officielle, la possibilité pour un organisme de rajeunir ou de vieillir indéfiniment, en restant toutefois sensible aux éléments extérieurs. Elle donne comme exemple la méduse Turritopsis dohrnii, originaire de la mer des Caraïbes. Elle le constate au niveau de cellules leucémiques dont le traitement doit combattre leur capacité à se diviser anarchiquement et indéfiniment.
Les cellules à l’origine de toutes les lignées sanguines ont également la propriété de s’auto-renouveler. C’est pour cette raison qu’elles sont utilisées pour remplacer les cellules détruites par la chimiothérapie ainsi que toutes les cellules qui meurent par un mécanisme de mort cellulaire programmée ou par lésion ou accident au cours de la vie.
À la question : « Chez l’homme, est-il légitime d’imaginer pouvoir, à l’avenir, accéder à un état d‘immortalité biologique ? », elle répond que c’est là tout le projet et les promesses des transhumanistes : augmenter les capacités de l’être humain au-delà de ses potentialités naturelles, grâce à la synergie des biotechnologies connues sous l’acronyme NBIC : les nanotechnologies, les biotechnologies, l’intelligence artificielle et les sciences cognitives. De la convergence de toutes ces technologies, on obtiendrait un homme biologiquement immortel mais restant sensible aux « agressions extérieures » telles que des blessures, accidents, meurtres, nouveaux virus ou suicides… C’est à dire un homme qui ne meurt pas ou en tout cas capable de vivre plusieurs centaines d’années.
Fantasme ou réalité à venir ? La médecine a résolu au cours des cinquante dernières années de nombreux problèmes jusqu’alors considérés comme insolubles, alors pourquoi pas celui-ci ? Aujourd’hui on régénère et on reconstruit des tissus et organes humains grâce aux cellules souches et à l’impression en trois dimensions, on parvient à faire palpiter des cœurs grâce à des piles, des paraplégiques remarchent grâce à des exosquelettes, des aveugles retrouvent la vue grâce à la stimulation optogénétique du cortex visuel… Même si on ne croit pas ou ne souhaite pas croire à la possibilité d’une vie sans fin, les fantastiques avancées des biotechnologies rendent vraisemblables le ralentissement du vieillissement et le recul de l’échéance de la mort. L’homme qui vivra plusieurs centaines d’années serait-il déjà né ? Aujourd’hui la question semble légitime.
Hélène Merle-Béral est médecin, professeur d’hématologie à Sorbonne Université. Spécialiste des leucémies, elle a dirigé le service d’hématologie biologique de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Elle est l’auteure de l’ouvrage « L’immortalité biologique » qui vient de paraître aux éditions Odile Jacob.
Pr Hélène MERLE-BÉRAL
L’immortalité biologique
Éditions Odile Jacob, 2020, 180p., 20,90€
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