La fin de vie : un nouveau document de la Congrégation pour la doctrine de la foi
La Congrégation pour la doctrine de la foi a publié, le 22 septembre, un document sur la fin de vie, intitulé « Le bon samaritain ».
Prenant en compte des débats récents allant dans certains pays jusqu’à la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté, le document, d’une portée générale, en une vingtaine de pages :
- rappelle que « Quand il n’y a plus rien à faire » pour sauver une vie, il y a encore « beaucoup à faire » pour accompagner la fin de vie. C’est l’esprit des soins palliatifs : « quand guérir est impossible, soigner l’est toujours ». Le regard sur le malade doit rester « contemplatif » pour ne pas réduire les soins à des protocoles et à la technologie.
- présente son refus net de l’euthanasie et de la logique du « rejet » comme de l’acharnement thérapeutique.
- insiste sur le fait que « le temps de la fin de vie est un temps de relations », le temps pour « être avec ». Car même les soins palliatifs « ne suffisent pas » s’il n’y a personne pour être aux côtés du malade. « Être-là », c’est le signe de l’amour. Un amour qui est une compassion qui n’est pas supprimer le malade mais tout faire pour supprimer sa souffrance et lui être proche et insuffler l’espérance. « La douleur n’est supportable que s’il y a l’espérance, la présence du Christ ».
- réfléchit à des questions délicates comme la vie pré-natale et des états de conscience réduite.
- réaffirme le droit à l’objection de conscience du personnel soignant.
Il est composé de 5 chapitres, d’une introduction et d’une conclusion.
- Prendre soin de son prochain
- L’expérience vivante du Christ souffrant et l’annonce de l’espérance
- Le « cœur qui voit » du Samaritain : la vie humaine est un don sacré et inviolabl
- Les obstacles culturels qui occultent la valeur sacrée de toute vie humaine
- L’enseignement du Magistère
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- L’interdiction de l’euthanasie et du suicide assisté
- L’obligation morale d’exclure l’acharnement thérapeutique
- Les soins de base : le devoir d’alimentation et d’hydratation
- Les soins palliatifs
- Le rôle de la famille et des centres de soins palliatifs
- L’accompagnement et le soin à l’âge prénatal et pédiatrique
- Thérapies analgésiques et suppression de la conscience
- L’état végétatif et l’état de conscience minimale
- L’objection de conscience de la part du personnel soignant et des institutions de santé catholiques
- L’accompagnement pastoral et le soutien des sacrements
- Le discernement pastoral envers celui qui demande l’euthanasie ou le suicide assisté
- La réforme du système éducatif et de la formation du personnel soignant
Ce document est daté du 14 juillet, mémoire liturgique de saint Camille de Lellis (+1614), prêtre italien, saint patron du personnel soignant. Il disait : « La musique que je préfère, c’est celle que font les pauvres malades lorsque l’un demande qu’on lui refasse son lit, l’autre qu’on lui rafraîchisse la langue ou qu’on lui réchauffe les pieds. »
À propos de :
– la situation des personnes en état végétatif et de conscience minimale. Le document affirme : « Il est toujours totalement trompeur de penser que l’état végétatif et l’état de conscience minimale, chez les sujets qui respirent de façon autonome, sont le signe que le patient a cessé d’être une personne humaine avec toute la dignité qui lui est propre ».
– l’alimentation et l’hydratation. Les membres de la Congrégation de la doctrine de la foi estiment qu’elles sont des soins de base. Ils admettent cependant que « dans certains cas, (la nutrition et l’hydratation artificielles) peuvent devenir disproportionnées », notamment lorsqu’elles engendrent des « souffrances inacceptables pour le patient ».
– l’acharnement thérapeutique. La Congrégation se prononce très clairement contre l’acharnement thérapeutique : « Dans l’imminence d’une mort inévitable, il est donc licite, en science et en conscience, de prendre la décision de renoncer à des traitements qui ne feraient qu’entraîner une prolongation précaire et douloureuse de la vie ».
Pour les personnes qui font le choix de l’euthanasie, la Congrégation encourage l’écoute spirituelle mais demande qu’elle ne soit pas le signe d’approbation ou de complicité, ce choix relevant d’un acte gravement immoral. Si elles y renoncent objectivement, elles pourront recevoir les sacrements.
♦ Texte de la Lettre « Samaritanus bonus » de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sur le soin des personnes dans les phases critiques et terminales de la vie, 22.09.2020.
♦ Conférence de presse pour présenter la Lettre « Samaritanus bonus » sur le soin des personnes dans les étapes critiques et terminales de la vie, rédigée par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, 22.09.2020.
♦ Journal La Croix : Euthanasie et acharnement thérapeutique : le Vatican affine sa doctrine sur la fin de vie.
♦ Vatican News : « L’euthanasie est un crime. Ne pouvoir guérir ne dispense pas de soigner ».
♦ Déclaration du Pr Gabriella Gambino, sous-secrétaire du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, lors de sa conférence de presse présentant la lettre « Samaritanus bonus » sur le soin des personnes dans les phases critiques et terminales de la vie, rédigée par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi : « Mettre l’homme au centre, dans son intégralité »
♦ Andrea Tornielli : « Prendre soin des malades en apprenant ce que signifie ‘aimer’»
♦ À découvrir : Les grands monothéismes s’engagent contre l’euthanasie