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« Quand l’hôpital retient son souffle »

DOCUMENTAIRE

DÉBAT

Bande annonce

Tel est le titre du documentaire de la série « Le monde en face » proposé mardi 10 novembre sur France 5 pendant que la covid-19 continue de circuler et d’infecter les personnes, qu’elles soient leur âge et leur état de santé.

Le documentaire a été filmé entre fin mars et juillet à la Pitié-Salpêtrière, à Paris.

L’objectif est triple :

  • rendre hommage aux soignants et au personnel hospitalier,
  • expliquer le fonctionnement du plus grand hôpital d’Europe,
  • entrevoir à la faveur d’une crise sanitaire majeure ce que sera l’hôpital de demain.

Les premiers mots entendus sont « ENGAGEMENT », « SOLIDARITÉ », « SENS DE LA RESPONSABILITÉ ». Malgré la fatigue, tout le monde s’est un peu transcendé. Ce qui a permis que cette première vague ne soit pas une catastrophe.

Le second groupe de mots prononcés est : « SIDÉRATION », « STUPEUR », « PEUR PERSONNELLE »,                                      « IDENTIFICATION ». Avec une question sans réponse : pourquoi les patients se dégradent tout d’un coup si vite ?

Ce documentaire donne à voir et à entendre des hommes et des femmes qui aiment profondément leur métier exercé dans le secteur public qu’ils ont choisi. Plutôt que des médailles qu’ils ne réclament pas (refusent), ils aimeraient voir leurs conditions de travail s’améliorer. Pas seulement les salaires qui sont les plus bas de l’Europe, mais aussi es conditions.

Ils partagent avec simplicité et authenticité leur quotidien fait entre autres de joies, de difficultés, de souffrances, de questions (y compris éthiques), d’incompréhensions, etc. : leur vie au service de la vie dans un cadre plein d’humanité, de technicité et se sciences (traitements, protocoles…). Un corps à corps.

Ce documentaire se termine par une émouvante séquence, sans parole et en musique : ce qui se vit au service lingerie…

PARMI LES CHOSES DITES

  • Au départ, on pensait à une grippe sévère. On a vu une gravité inédite. On n’avait pas l’habitude de voir des malades comme ça, y compris des jeunes.
  • Lorsqu’un patient entrait en réa, c’était pour trois semaines-un mois…
  • Chaque jour, la question de la limitation des soins ou de l’arrêt des soins est réfléchie en équipe. La question de l’obstination thérapeutique (acharnement thérapeutique) est bien plus présente que celle que l’euthanasie (qui ne se posait pas en tant que telle).
  • Les masques. La question de l’approvisionnement s’est posée au début ainsi que celle de leur efficacité. Au début, difficulté d’avoir des masques FFP2…
  • Les barrières entre soignants sont tombées. Tout le monde travaillait ensemble. Il ne faudrait pas les voir réapparaître…
  • Prendre soin d’un patient, ce n’est pas oublier le soin de bouche, des yeux, la prévention des escarres, etc.
  • Le codage des actes permet de tarifer un séjour (T2A). Cette crise sanitaire a permis aux soignants de prendre conscience du fonctionnement de l’hôpital d’un point de vue financier : une entreprise. Le gouvernement a mis tout l’argent nécessaire pour la santé. IL a montré qu’elle n’avait pas de prix. Pourquoi le budget de la santé n’est-il pas considéré avec les mêmes égards que celui de l’armée ? Comment peut-on l’aider à réorganiser les soins ?
  •  Transformer la crise en opportunité car nous aurons la covid longtemps. D’où résilience mais aussi une nouvelle organisation à prévoir.
  • On parle beaucoup des infirmières mais pas beaucoup des aides-soignantes. On a choisi ce métier pour être au plus proche des patients, pour les aider. Ce n’est pas que s’occuper du pipi et du caca. On ne veut pas être assimilées à ça.
  • La profession de cadre de santé est méconnue. Elle est importante au sein de l’établissement : c’est quelqu’un qui met en relation, coordonne et facilite.
  • L’importance des psychologues : ils aident à faire face à la charge émotionnelle des situations et des morts qu’elles entrainent. Il y a en plus pour les médecins, d’un point de vue éthique, le poids de la responsabilité.
  • La chambre mortuaire : la personne décédée reste pour moi une patiente. Je prends soin de son visage (deux types de massage). C’est également important pour la famille de voir un visage apaisé, qui n’a pas souffert.
  • La réanimation, par certains soins, fait subir aux patients des souffrances. Il faut savoir dire « non » dans certains cas. Le verbe « subir » a fait évoquer la manière dont Chateaubriand a vécu sa naissance qu’il décrit au début des      « Mémoires d’outre-tombe » :

« J’étais presque mort quand je vins au jour. Le mugissement des vagues, soulevées par une bourrasque annonçant l’équinoxe d’automne, empêchait d’entendre mes cris : on m’a souvent conté ces détails ; leur tristesse ne s’est jamais effacée de ma mémoire. Il n’y a pas de jour où, rêvant à ce que j’ai été, je ne revoie en pensée le rocher sur lequel je suis né, la chambre où ma mère m’infligea la vie, la tempête dont le bruit berça mon premier sommeil, le frère infortuné qui me donna un nom que j’ai presque toujours traîné dans le malheur. Le Ciel sembla réunir ces diverses circonstances pour placer dans mon berceau une image de mes destinées. »

N.B. : l’intubation n’est pas un soin anodin. Il faut être en forme pour la supporter car c’est le parcours du marathonien qui commence. Intuber certaines personnes âgées ou ayant une comorbidité, c’est les rendre plus vulnérables…

  • L’après-covid à l’hôpital, c’est le retour des dysfonctionnements.
  • Un très beau plaidoyer à la fin pour la défense du service public. Pourquoi les usagers laissent-ils les soignants faire grève ? Ne pourraient-ils pas eu aussi faire grève car l’hôpital les concerne aussi (nous, on fait et gère avec ce que l’on a).

Après le documentaire, Marina Carrère d’Encausse a débattu ensuite avec 4 invités à partir de la question : comment, en pleine crise sanitaire mondiale, les hôpitaux, dont celui de la Pitié-Salpêtrière, parviennent-ils à remplir leur mission alors qu’ils sont déjà en difficulté ?

  • Isabelle Wekstein, coréalisatrice du documentaire
  • Pr Alexandre Demoule, chef du service de pneumologie et réanimation, Hôpital La Pitié-Salpêtrière.
  • François Malye, journaliste au magazine Le Point, spécialiste des questions de santé
  • Dr Mathias Wargon, chef du service des urgences de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis (93)

Le début du débat reprend les mots entendus au début : solidarité, engagement, enchevêtrement de compétence. Il souligne la liberté de parole devant les caméras.

Ils témoignent.

  • Les gens sont très fatigués ; le retour d’une seconde vague serait déprimant.
  • Depuis la crise, 1 personne sur 5 n’a pu prendre leurs vacances.
  • Devant le sentiment de ras-le-bol parfois, la question est : vont-ils tenir jusqu’au bout ?
  • Il n’y a plus de problème de structures, il y a une meilleure connaissance de la covid. La difficulté actuelle aux urgences est de faire coexister les personnes atteintes par la covid et les autres parce que l’on reçoit tout le monde. Durant la première vague, seules les premières reçues.
  • Il est clair que l’hôpital en l’état actuel des choses ne pourra supporter une surcharge de patients atteints de la grippe
  • C’est un combat à mener durant de longs mois, sans connaître le bout du tunnel.
  • Il n’y a plus de problème d’équipement pour le personnel. Pour les soins, des lits peuvent être encore ouverts. Là où le bas blesse, c’est le personnel. Il y a un nombre insuffisant de personnel devant (derrière) les machines.
  • Le temps entre la première et la seconde vague n’a pas été mis à profit pour former du personnel. Les hôpitaux doivent toujours se débrouiller.
  • Attention de ne pas accuser les soignants qui pousseraient au confinement qui coûte cher à la société. Les soignants ne se sentent pas des héros. Ils font juste leur travail.
  • Si le salaire est important, les conditions de travail le sont tout aussi autant : locaux propres, vêtements et matériel à son nom, etc. Des soignants ne peuvent aller en formation car ils sont rappelés.
  • Le public est moins bien organisé que le privé. Il donne l’impression qu’il est contre le patient. C’est très bureaucratique et peu bienveillant.
  • Il faut de véritables assises de la santé (le « Grenelle de la santé » a porté principalement sur les salaires, ce qui était nécessaire) qui réfléchissent à trois points : égalité, efficacité et excellence (les grandes innovations viennent des hôpitaux publics, et notamment de France).

N.B. : le débat a bien mis en évidence l’écart qu’il y a entre un hôpital à la pointe du progrès (la Pitié-Salpêtrière) et un hôpital actuel en Seine-Denis. Les questions ne posent pas de la même façon face aux situations rencontrées.

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