Colloque : « Que vaut le corps humain ? »
Un colloque sur la valeur du corps humain s’est tenu au Collège des Bernardins les 5 et 6 décembre 2019.
Comment garder le corps dans une vision intégrale de la personne à l’ère d’une médecine « biotech » et de la marchandisation du corps ?
Le corps humain, qu’il soit sain ou malade, est pris aujourd’hui en tenaille entre valeur marchande et valeur inestimable.
Son sort est aujourd’hui indissolublement lié à celui de la personne. De la personne qui parle, souffre et se plaint.
La réponse technique insuffisante, face à la plainte existentielle du patient, doit être portée par une présence et une parole.
Des scientifiques, des théologiens, des praticiens, un juriste, des psychanalystes, une artiste abordent ces enjeux de la médecine, devenue plus technicienne que relationnelle
1- LE CORPS, CE VAURIEN
Dominique Folscheid, philosophe, co-directeur du département Éthique biomédicale du Collège des Bernardins
Plutôt que de lier la valeur au corps en tant que support de valeur, Scheler, Jonas ou Levinas nous invitent surtout à nous souvenir que le corps est indissociable de la personne.
2- HANDICAP : LES MALENTENDUS DU CORPS AUGMENTÉ
Bertrand Quentin, philosophe, professeur à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée
La technoscience ne change pas la personne, elle rend le handicap moins visible mais elle n’affecte pas la personne.
3- QUE DONNE-T-ON QUAND ON DONNE ?
Jean-Christophe Galloux, juriste, professeur à l’université Paris II Panthéon Assas.
Le statut du corps date de 1994 et il est important de distinguer les éléments et les produits du corps. Le principe de non-patrimonialité permet d’en nier la valeur marchande et conduit à la notion de don. La finalité du don est la solidarité.
4- LE TRAFIC D’ORGANES ET DE PERSONNES : UNE REALITE DE NOTRE TEMPS
Éric Rondeau, néphrologue, Hôpital Tenon AP-HP – Sorbonne Université.
Replacer le don d’organes dans son contexte médical et légal ainsi qu’expliquer la veille mondiale effectuée sur le trafic d’organes.
5- LE CORPS VAUT L’ÂME ET IL VAUT CHAIR
Daniel Sibony, psychanalyste et philosophe
En s’appuyant sur la dualité exprimée par Descartes et Spinoza, Daniel Sibony développe une philosophie trinitaire : le corps, l’âme et la fonction connectrice du corps et de l’âme.
6- ANNONCER L’INACCEPTABLE
Nadine Le Forestier, neurologue, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, AP-HP, docteur en éthique et droit médical.
En s’appuyant sur sa pratique de neurologue spécialiste de la maladie de Charcot, Nadine Le Forestier tente d’expliquer l’importance de l’accompagnement dans l’annonce d’un diagnostic fatal.
7- RODIN & MOI : PROJET ARTISTIQUE AVEC DES ENFANTS HOSPITALISES
Caroline Desnoëttes, artiste
Rodin & Moi raconte la rencontre au corps-à-corps de 72 jeunes patients de l’Hôpital d’Enfants Margency (HEM) Croix-Rouge française avec l’œuvre puissante et magistrale d’Auguste Rodin. Ils se sont inspirés de ses sculptures pour créer à leur tour des corps en mouvements, fractionnés et assemblés en résonance avec leurs parcours de soins, souvent aigus et compliqués.
8- SAINT PAUL NOUS PARLE DU CORPS
Eric Morin, exégète, École Cathédrale du Collège des Bernardins
À l’aide de citations des écrits de Saint Paul parlant du corps, de l’Église-corps, de chair, de corps spirituel, de stigmates, de désactivation de la chair, de bénédiction… Éric Morin illustre l’importance de la présence de l’autre, de la relation ecclésiale dès lors que l’on parle de chair
Regarder la vidéo
9- NOS CORPS ET NOUS : RAPPORTS, RELATIONS ET ALLIANCES
Marie Balmary, psychanalyste
La valeur du corps pour le sujet lui-même et le rapport que nous avons avec le corps. Elle explore deux voies dans les mythes : celle de la relation à l’autre – Adam biblique ; celle de la fascination par son image – Narcisse.