Le « droit » à l’euthanasie relancé
L’Assemblée nationale a examiné le jeudi 8 avril une proposition de loi d’Olivier Falorni, député Libertés et Territoires, pour une « fin de vie libre et choisie », cinq ans après la loi Claeys-Léonetti. Faute de temps, seul le premier article a été voté.
Le Pr Didier Sicard (président du Comité consultatif national d’éthique de 1999 à 2008), chargé d’un rapport sur la fin de vie remis en 2012 à François Hollande, donne son avis : « l’État n’a pas à satisfaire un désir de mourir ».
Il considère que « La loi française actuelle est l’une des meilleures au monde. Mais elle souffre d’un terrible handicap : elle n’a été intégrée ni par les médecins, ni par les citoyens. Ce qui permet d’alimenter tous les fantasmes et l’idée qu’on subit en France l’acharnement thérapeutique, qu’on y meurt dans la douleur et que l’euthanasie est donc la solution. Cela fait trente ans que cela dure… » Lire la suite…
Didier Sicard : « Le progrès d’une société aujourd’hui comme nous l’a appris le vingtième siècle, se mesure à sa capacité de développer la solidarité, en protégeant et en entourant les plus faibles et non à faciliter leur disparition ».
Jean Leonetti, co-auteur des deux dernières lois sur la fin de vie, critique « une transgression majeure » méritant un vrai débat.
Marc-Henri d’Alès, porteur d’une infirmité motrice cérébrale, s’inquiète de la prochaine proposition de loi sur l’euthanasie. Il a adressé une lettre le 2 avril à de nombreux députés.
- « Ne réduisons pas la dignité à la dignité d’apparence. Je suis témoin que la vie n’est pas un produit avec une date de péremption au-delà de laquelle, et ou selon l’aspect, il ne serait pas bon de vivre. »
- « En légalisant l’euthanasie la société me renvoie le message que ma vie ne vaut plus la peine d’être vécue dans mon état… Le « laissez-nous avoir le choix » est biaisé car si vous me demandez… »
- « Croyant en la médecine de demain, je ne veux pas qu’elle se transforme en un permis de tuer. Soulager, mais pas tuer ! Ne trahissez pas la médecine dont la belle vocation est de soigner et de soulager les malades… Aujourd’hui en voulant supprimer la souffrance, on élimine l’être aimé. Drôle de conception de l’amour… »
Regard de Dominique Quinio (Journal « La Croix »)
- « Quel changement dans la formation des soignants que d’ouvrir cette possibilité ? Il ne s’agit pas de glorifier la souffrance, comme certaines attitudes religieuses ont pu le laisser penser, ni d’accepter l’acharnement thérapeutique. Il s’agit d’accompagner la vie jusqu’au bout, en apaisant au mieux la douleur et l’angoisse…. »
- « Le vote d’une loi, on le sait, conduit à installer une normalité, et ses évolutions amènent à en élargir les indications, au départ assez cadrées. Le choix d’autoriser l’euthanasie apparaît comme une réponse plus rapide, moins coûteuse qu’une politique de développement des soins palliatifs, de lutte contre la douleur, d’accompagnement des proches… Une politique pour le bien du plus grand nombre. »
Projet de loi sur l’euthanasie : éléments de réflexion (P. Jean-Marie Onfray)
Conférence des évêques de France : Fin de vie