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Homélie du dimanche 9 février 2025 – Dimanche de la santé
« Qui enverrai-je ? » pouvons-nous entendre dans la lettre d’Isaïe. Les lectures de ce jour montrent l’appel de trois personnes par Dieu : Isaïe, Paul et Pierre.
Nous connaissons Isaïe comme un grand prophète de l’époque d’environ -750 ans avant notre ère. Il a prophétisé durant 40 ans la sainteté de Dieu. Il fait découvrir à ses contemporains l’image du Dieu saint d’Israël, un Dieu Saint, un Tout autre qui nous dépasse infiniment dont les mots humains ne peuvent dire Dieu ! Aujourd’hui, dans nos messes le Sanctus, Saint, Saint, Saint le Seigneur, est son héritage.
La seconde lecture fait référence à Paul. Paul que nous connaissons tous, persécuteur, pardonné et transformé en colonne d’Église est devenu le grand apôtre que nous connaissons, évangélisateur infatigable !
Dans la lettre aux corinthiens que nous venons d’entendre, Paul nous dit l’homme qu’il a été, ce grand persécuteur des chrétiens et il se décrit comme avorton et ajoute : « car moi, je suis le plus petit des apôtres, je ne suis pas digne d’être appelé apôtre puisque j’ai persécuté l’Eglise de Dieu ».
Isaïe se décrit par sa petitesse et un sentiment d’indignité comme ayant aux lèvres impures dans un peuple aux lèvres impures ! Dans sa vision parfaitement datée, année de la mort du roi Ozias, il vis un Roi sur un trône élevé. Il parle de la crainte de Dieu, de ce fossé infranchissable entre lui et Dieu. Le geste du séraphin ou de l’ange vient combler ce fossé entre lui et Dieu, il devient ainsi un homme en relation avec Dieu.
« Qui enverrai-je ? » Ainsi résonne la voix du Seigneur à notre oreille ?
« Certainement pas moi ! » répond du tac au tac une petite voix en nous. « Car certainement le Seigneur envoie pour sa mission des gens compétents, brillants, capables, dignes » pensons-nous. A quelle fausse représentation de Dieu inscrite en nous cela renvoie-t-il ?
Pourtant, à travers l’histoire sainte, nous voyons Dieu choisir des gens simples, comme Jésus appelle ses disciples parmi quelques pêcheurs comme Pierre, qui comme chacun de nous, se fatiguent, ont peur et se découragent.
Mais l’amour de Dieu est premier et gratuit, immérité et inconditionnel ; si nous croyons alors nous sommes sauvés ! Regardons Pierre, maitre pêcheur sur sa barque. Il écoute Jésus, le fils du charpentier, lui dire : « Avance au large et jetez vos filets pour la pêche ». Il lui répond : « Maitre, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre mais, sur ta parole, je vais jeter les filets ». Vous connaissez la suite ! Face à ce miracle, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus. Il ne l’appelle plus Maitre mais Seigneur ! et il le suit !
« Certainement pas je ne suis pas capable ! » martèle encore cette petite voix en nous. Car le doute et la peur ont des racines solides en notre âme. De quel mauvais amour de soi, cela est le signe ? Faire confiance à Dieu passe par encore ! Mais se faire confiance, me faire confiance, croire en moi…
Et pourtant, beaucoup de personnes, visiteurs du service évangélique ou SEM ou en aumônerie hospitalière ou dans d’autres mouvements comme Lourdes Cancer Espérance, la lumière de Raphaël, les hospitalités landaise et montfortaine, par exemple peuvent témoigner que, malgré leur sentiment d’impuissance ou de vulnérabilité, ils se sont sentis conduits au fil des rencontres, de signes, de paroles. Ils sont découvert, qu’ils pouvaient être, à leur insu, ambassadeurs, porte-parole de l’amour de Dieu pour les personnes rencontrées : par la simple visite à une personne malade ou âgée, ou par l’Eucharistie portée à celles et ceux qui ne peuvent se rendre à l’Église.
La personne faible, en situation de handicap, malade, en fin de vie, sans domicile… nous dérange profondément mais elle nous transforme si nous voulons bien mettre sa main dans la nôtre.
Et c’est l’expérience de l’émerveillement : « Le Seigneur fait tout pour moi ! » comme le dit le psaume que nous venons d’entendre ! et de personnes engagées dans les visites… « Vraiment le Seigneur m’attendait dans ses lieux », « C’est lui notre richesse ». Ces témoignages nous montrent qu’en cessant de se regarder soi-même, de ruminer nos doutes et nos craintes, mais en fixant notre regard sur le Seigneur, tout est possible.
Il n’était plus cette figure de manager exigeant qui nous dirait d’une voix impérative : « j’ai un projet pour toi ! ». Il est plutôt ce Dieu amoureux ; si assoiffé de notre oui qu’il préfère – timidité ou délicatesse ? – cette question ouverte si respectueuse de notre liberté : « qui enverrai-je ? ».
Alors, avec la même conscience de notre petitesse, mais libéré de toute crainte, plein de conscience de notre petitesse, nous pouvons répondre : « me voici ! ».
Le Seigneur attend notre réponse personnelle et intime à son « veux-tu ? ». Ne le laissons pas sans réponse. Il croit en chacun de nous ; et nous individuellement, croyons-nous en Lui ?
Éric Thiéblin, diacre
Retour d’initiatives paroissiales pour le dimanche de la santé