Film : Hors normes
« Hors normes » décrit avec beaucoup de délicatesse, mais aussi de vérité, la question de la prise en charge de personnes autistes qui n’entre plus dans la logique d’un système ou d’une institution. Se pose alors la question : que faire d’elles ? baisser les bras, et donc les renvoyer à leur propre sort (« c’est comme ça, on n’y peut rien ») ou bien, prendre le taureau par les cornes et se battre ? C’est la seconde option que le film décrit. Elle est une succession usante d’obstacles à franchir en terre inhospitalière qui peut pousser à jeter l’éponge ou à commettre involontairement des erreurs.
Le film offre une place au spectateur : se joindre aux acteurs qui se démènent pour que les personnes considérées comme des « grains de sable » puissent être encore prises en charge au nom de leur dignité par leur association, quitte à se mettre hors-jeu à plusieurs reprises puisqu’elles sont « hors normes », ou bien prendre le parti de la loi et se ranger derrière elle (se protéger aussi).
Si le film est sans concession sur la dureté de notre système, il donne à voir de très beaux moments qui témoignent que tout n’est pas « foutu » !
Pour ma part, j’en garde quatre en mémoire.
Le premier est ce jeune qui accepte d’aider Valentin à caresser la tête d’un cheval. Très belles prises de vues qui parlent au cœur sans mots !
Le second est lorsque ce même jeune sort fumer une cigarette pendant que Valentin dort. Il comprend trop tard que la crise qu’il fait durant sa courte absence était due à sa prise de conscience douloureuse de son éclipse (pour une cigarette). Cela donne une longue séquence qui nous met à nus en nous faisant secréter un peu plus d’adrénaline.
Le troisième moment est la victoire de Joseph (et de ses accompagnateurs) sur sa phobie en métro. Il reste le Joseph qu’il était : touchant, volontaire, plein de malice (de ressources), mais aussi fort de cette belle victoire sur la vie.
Le quatrième moment finit par arriver (grâce à l’amour, la passion, la ténacité des uns et des autres, chacun à leur manière…) : le sursis donné à l’association. L’institution concède par force mais non par conviction. Elle dit accepter de perdre cette bataille mais non pas la guerre….