SORTIR DE LA CABANE
Cette première semaine du temps de déconfinement est pour certains, le temps de reprise des activités professionnelles, le temps de la reprise des cours et du retour en classe, et pour de nombreuses personnes, le temps des retrouvailles entre amis et surtout en famille.
Avant d’entrer dans ce qui fait déjà partie de l’après-11mai, prenons le temps d’une pensée pour l’hôpital.
C’est un hôpital « malade » qui a affronté la crise sanitaire. Les soignants ont vécu la crise de l’intérieur. Ils ont été acteurs de la gestion des stocks de matériels de première nécessité pour sauver des vies, acteurs de la gestion de la pénurie. Le risque mortel était bien présent pour un grand nombre.
L’état de fatigue importante et la chute d’adrénaline viennent masquer la joie de s’en être sorti. Un état qui instaure de fait, une grande inquiétude : le départ des renforts, la peur que la situation redevienne comme celle d’avant, la peur d’un soubresaut, la peur que les effectifs ne suffisent toujours pas…
L’après-11mai est un temps d’euphorie bienvenu pour certains et pour d’autres, une épreuve qui continue car il faut désormais « sortir de la cabane ».
En effet, en restant chez soi en famille, en limitant les sorties au strict minimum et en supprimant les contacts avec l’extérieur, certains se sont créé une sorte de bulle protectrice, ou cabane, à l’intérieur de laquelle le virus ne pouvait pas entrer. Ils se sentaient ainsi protégés et auraient pu supporter le confinement encore quelques temps si cela avait été nécessaire. La peur et même l’angoisse de sortir de chez soi, la peur pour soi-même, pour sa famille, la peur paralysante de la société, sont quelques unes des conséquences de l’expérience forte du confinement
On parle du syndrome de la cabane ou de l’escargot.
C’est une terminologie qui vient du ressenti de chercheurs d’or qui, à la fin du 19ème siècle, aux États-Unis, au moment de la ruée vers l’or, avaient vécu une expérience extrême d’enfermement dans des cabanes, coupés du monde. Il était presque impossible pour eux de retrouver les chemins de la civilisation.
Le syndrome de la cabane ou de l’escargot n’est pas une maladie ni un état psychologique inquiétant. On parle plutôt d’état émotionnel dont l’intensité varie selon les individus.
Il désigne la peur sociale ou l’angoisse de sortir de chez soi, en particulier après la période des deux mois de confinement que nous venons de vivre. C’est un phénomène qui se constate partout où le confinement a été effectif et peut se traduire par : fatigue, léthargie, difficulté à se lever le matin ou besoin de siestes fréquentes, tristesse ou dépression, perte de patience, irritabilité, la peur de sortir de chez soi…
Pourquoi cette peur de sortir ?
Le temps de confinement est un temps pendant lequel on a le sentiment de maîtrise sur les choses. Une occasion de découverte de certaines choses comme le confort de son lieu de vie.
Un temps pendant lequel, on se déshabitue du contact, du toucher…
Un temps au cours duquel, on s’accroche à ceux sur qui on peut compter…
Un temps qui fait découvrir le bien-être d’une autre temporalité…
Le bénéfice du confinement est privilégié devant les incertitudes du déconfinement difficiles à gérer.
Comment repartir malgré tout ? Quelle réactivité pour se sociabiliser à nouveau ?
Les projets conduisent la vie car le désarroi peut survenir par manque de projets. Nos projets sont-ils les mêmes ?
Tout relève désormais d’un choix.
Des termes nous sont devenus familiers : télétravail, télémédecine, téléconsultation, visio ou télé conférence, distanciation, gestes barrières…
Quels choix pour se retrouver, reprendre le fil des discussions ou reprendre les visites ?
Les psychologues conseillent :
– D’abord de l’indulgence et de la bienveillance envers soi-même.
– Si possible se fixer des objectifs raisonnables.
– Avancer pas à pas, commencer par sortir au bout de sa rue avant d’aller plus loin.
À cela, la Pastorale de la santé souhaite ajouter, comme cela est recommandé pour les visites auprès des malades ou isolées, ce qui suit :
– Prendre le temps de l’écoute.
– Aller à un rythme raisonnable.
– Prier.
Confions ce retour à la « vie normale » à la Vierge Marie et à Notre Dame de Buglose.
Marguerite DIDIA
DDPS