Pastorale auprès des sourds de France

La coordination pastorale des sourds de France (CPSF) organise chaque année une rencontre nationale au mois de février. Une quarantaine de personnes impliquées sur leur diocèse viennent de se rencontrer en visioconférence.

Cette pastorale, qui l’est à part entière avec la spécificité des personnes sourdes de langue des signes, porte également le souci des personnes devenues sourdes et malentendantes. Une attention importante vu le vieillissement de la population et le nombre croissant de jeunes et de jeunes adultes concernés par une perte d’audition.

Le thème était : « Comment transmettre la Parole de Dieu ? »

3 vidéos

1- Donner la Parole de Dieu en Langue des Signes : un défi pour tous ! Donner ou transmettre la Parole de Dieu ? (9mn45)

2- Modèle de l’annonce de l’évangile avec le chapitre 8 des Actes des Apôtres – L’eunuque et l’éthiopien (11mn 35)

3- Sept conseils pratiques (6 minutes 24) 

Les vrais moyens de communication des malentendants sont :

• L’écrit
• La LL (= Lecture Labiale = lecture sur les lèvres) qui s’apprend avec des orthophonistes
• L’utilisation de boucles magnétiques (BM) dans les lieux qui en sont équipés.

Extraits d’un témoignage

• La vie quotidienne des malentendants (surtout celle des sévères et profonds) est souvent un vrai parcours du combattant pour comprendre et aussi pour se faire comprendre. Pour rester acteur à part entière de la vie sociale, familiale, associative, ecclésiale, il leur faut déployer, chaque jour, une énergie considérable. Pour s’en rendre compte (un peu seulement !), il y a un test simple à effectuer : c’est de passer une journée entière – surtout sans tricher – avec des boules Quiès dans les oreilles (prenez les plus assourdissantes).

« Tu veux un gâteau ? » peut, pour le malentendant se transformer en : « tu veux un radeau ? » ou encore « tu veux un cadeau ? » En lecture labiale, cela se lit exactement de la même façon. Seul le contexte de l’ensemble de la conversation donne le choix de tel ou tel mot. Il faut donc réfléchir très vite ! La lecture labiale est donc épuisante.

Un autre test : écouter la vidéo d’un repas de famille en baissant presque complètement le son et essayer de comprendre ce qui se dit au milieu des bruits de voix entremêlés de musique, de bruits de vaisselle. C’est notre situation permanente.

• Le malentendant vit [donc] perpétuellement dans une grande tension intérieure.
• Un malentendant ne fréquente que des malentendants ou des sourds.
• Un malentendant devient invisible : on ne s’adresse pas directement à lui, mais à celui qui se trouve à côté : « Ce n’est pas la peine que je lui parle, elle ne comprendra pas ! »
• Un malentendant ne peut pas prendre de décision. À l’ANPE, par exemple :
  • ça y est, madame, on vous a trouvé du travail. Vous allez vous occuper d’une vieille personne grabataire.
  • Mais je voulais retravailler dans mon domaine, l’éducation !
  • Avec vos oreilles, ce ne sera plus possible, alors on a choisi pour vous ! Cette personne ne parle plus, donc vous n’aurez rien à entendre !
• Ce handicap n’est pas facile non plus à vivre pour les entendants. La malentendance est une violence aussi pour les proches qui ont à s’y confronter : devoir répéter, parfois plusieurs fois, ne pas être entendu, compris…
• Beaucoup de choses aussi sont inaccessibles en Église. C’est pourtant le lieu de la PAROLE ! Quelle souffrance que ces messes où l’on ne comprend rien – ou simplement de simples morceaux de phrases – du mot d’accueil, de l’homélie, où l’on ne peut se joindre aux chants, faute de connaître le numéro de la page annoncée verbalement ! Comment participer à l’Eucharistie et se laisser ensemencer par la Parole de Dieu dans ces conditions ? Et je vous laisse imaginer les problèmes quand il s’agit du « Sacrement de la Réconciliation » si l’église ou le local ne permettent pas d’avoir un coin tranquille et obligent le prêtre à élever un peu la voix, au risque de faire profiter tout le monde de la « confession » ! Les éclairages, spots divers sont parfois trop peu nombreux, mal dirigés vers les prêtres, les lecteurs et ne permettent pas la lecture labiale, les sonos sont mal réglées, il n’y a pas d’affichage indiquant les pages des chants, pas de boucle magnétique, etc. … la liste est longue !
• Les malentendants, par leur baptême, sont l’Église au même titre que les autres baptisés et ils y ont donc toute leur place ; mais ils ont souvent l’impression d’être à l’écart de ce qui se vit en paroisse, sur le diocèse. Comment participer aux formations sur des thèmes d’actualité touchant à leur foi ? Suivre ce qui est organisé par le diocèse ? Participer à une retraite ?
• Les chrétiens malentendants ont besoin de connaître et d’’approfondir la parole de Dieu pour vivre vraiment en chrétiens et leur handicap les en empêche. Pour certains, la perte de l’audition entraîne un « engourdissement » de leur vie spirituelle (tentation de repli sur soi, refus de prendre des responsabilités, même petites, dans leur paroisse) qui finit même parfois à affaiblir leur foi.
•  Il y a bien peu de prêtres, aujourd’hui, accompagnant les malentendants et ce sont, pour la plupart, des prêtres vieillissants, commençant à mal entendre. Parmi les jeunes prêtres, combien ont une mission pour les malentendants ? C’est une question pour notre Église !

Le P. Vincent GARROS, responsable de la PPH dans le diocèse de Bordeaux :

• célèbre des messes pour les sourds, aidé par deux ou trois personnes,
• réalise des fiches bibliques qui sont envoyées chaque semaine,
• anime des rencontres d’aumônerie avec des adultes sourds qui sont en foyer.

Prier en Langue des Signes (diocèse de Pontoise)

Boucle magnétique (diocèse de Pontoise)

MESSES EN LSF SUR INTERNET

La CPSF souhaite recommencer la diffusion de messes en LSF sur Internet tous les dimanches.

• Pour connaître les jours, les horaires et les liens Internet de ces messes, vous pouvez regarder régulièrement la page Facebook de la CPSF : https://www.facebook.com/Coordination-Pastorale-des-Sourds-de-France-107704104295077 (accessible même aux personnes qui n’ont pas de compte Facebook).
• Si vous voulez recevoir ces informations par mail, vous pouvez en faire la demande à la CPSF en envoyant un mail à sourdscatholiquesdefrance@gmail.com

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Vendredi 19 mars, de 20h à 21h, sur le site de l’OCH (www.och.fr) : veillée de prière accessible en LSF avec le témoignage d’un papa d’une jeune fille polyhandicapée