Méditation – Revenir à la Source

À la vigile pascale, le premier texte de la Parole de Dieu proclamé est un passage du début du livre de la Genèse, nous faisant entendre le récit de la création (Gn 1, 1 – 2, 2) qui commence par ces mots : « Au commencement » :

« Dieu dit : ‘Que la terre produise l’herbe, la plante qui porte sa semence, et que, sur la terre, l’arbre à fruit donne, selon son espèce, le fruit qui porte sa semence.’ Et ce fut ainsi. La terre produisit l’herbe, la plante qui porte sa semence, selon son espèce, et l’arbre qui donne, selon son espèce, le fruit qui porte sa semence. Et Dieu vit que cela était bon. Il y eut un soir, il y eut un matin : troisième jour. » (Gn 1, 11-13).

On entend après Dieu bénir l’homme qu’il créa à son image, homme et femme, lui dire : « ‘Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et de tous les animaux qui vont et viennent sur la terre.’ Dieu dit encore : ‘Je vous donne toute plante qui porte sa semence sur toute la surface de la terre, et tout arbre dont le fruit porte sa semence : telle sera votre nourriture. À tous les animaux de la terre, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui va et vient sur la terre et qui a souffle de vie, je donne comme nourriture toute herbe verte. » Et ce fut ainsi. Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon. Il y eut un soir, il y eut un matin : sixième jour.’ » (Gn 1, 28-31).

Avec le temps, l’homme a transformé le verbe « produire » en « réduire » sans se rendre compte que son comportement se retournait contre lui dangereusement. Si la racine latine de ces deux verbes est identique : « ducere, conduire », le préfixe est tout autre ! « Pro, en avant » et « re, revenir au point de départ ». Tout fougueux d’aller de l’avant sans respecter le mode d’emploi que Dieu lui donne, l’homme revient au point de départ, et même le dépasse, le conduisant au tohu-bohu. Le verbe « produire » qui doit lui procurer du bonheur ne lui apporte en définitive que du malheur, malgré l’apparition de la notion « bio » dans nos magasins et autres lieux. Un dessin humoristique d’Urbs montre l’inversion de l’image traditionnelle du zoo : les visiteurs sont les animaux et les animaux sont les humains !

On retrouve également la racine latine « ducere » dans le verbe « éduquer, conduire hors de ». Verbe que Jésus ressuscité « emploie » au moment de retourner à son Père (à l’Ascension) et d’envoyer ses apôtres en mission : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28, 19-20). C’est ainsi que le rituel du baptême des petits enfants le rappelle aux parents lors de la célébration. Le prêtre (ou le diacre), après avoir entendu la demande des parents, leur dit : « Vous demandez le baptême pour votre enfant. Vous devrez l’éduquer dans la foi, et lui apprendre à garder les commandements, pour qu’il aime Dieu et son prochain comme le Christ nous l’a enseigné. »

Par sa mort et sa résurrection, Jésus de Nazareth remet les choses à l’endroit. Saint Paul écrit aux Romains : « De même, vous aussi, pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ. » (Rm 6, 11). Ce confinement, non prévu et qui nous fait souffrir même s’il nous apporte des joies par ses découvertes, va nous donner le temps, non seulement d’y penser mais également de le méditer… De méditer de manière éthique ces trois verbes que sont produire, réduire et éduquer qui peuvent être rapportés aux soins, à la santé : produire des soins… réduire les soins … éduquer aux soins, à la santé (cela s’appelle de la prévention !) ? Trois verbes qui peuvent être également mis en équation avec le dicton bien (trop) connu : « la santé n’a pas de prix mais elle a un coût ».

                                                                                                                                               Olivier Dobersecq (13.04.2020)