Conséquences psychologiques de la crise du Covid-19 sur les soignants
Tel est le titre d’un témoignage publié dans la revue Laënnec, Santé, Médecine, Éthique de novembre 2020.
Le constat est que la crise sanitaire du covid-19 a bouleversé et mis à mal leurs repères, leurs certitudes, leurs représentations, leurs croyances. « Pour remplir leur mission, ils ont mis en place des mécanismes d’adaptation plus ou moins protecteur à long terme. »
« La fatigue, le don de soi, le stress, ils connaissent mais là, ils ont peur ».
« Se mettre en danger, cela leur est arrivé mais jamais ils n’ont eu la sensation que leur métier risquait de porter préjudice à ceux qu’ils aimaient. »
« Alors que la mort renvoie les soignants à une réalité qu’ils peuvent se représenter, le néant, auquel ils ont été confrontés pendant la crise, est irreprésentable et bouleverse leurs repères aussi bien personnels que professionnels. »
« Face à l’absence de directives claires, de protocoles établis, de certitudes cliniques et de traitements efficaces, les soignants ont ressenti une grande impuissance. La peur de mal faire ou de ne pas être à la hauteur s’est emparée des soignants, leur faisant oublier de prendre soin d’eux-mêmes. Certains se sont mis en pilotage automatique, leur faisant dans certains cas soigner des corps, des maladies et non des personnes. »
« Le grade, la fonction, la hiérarchie, tout cela n’avait plus d’importance. Ce qui comptait, c’était le respect, l’humain reprenant sa place. Le statut ne comptait plus. Cette violence nous ramenait à notre condition de mortel. Nous étions contraints d’accueillir avec humilité nos limites et fragilités. Cela nous a appris à faire abstraction de tout pour mettre en commun nos savoirs-faires et savoirs-êtres. Ainsi, au cœur du monde devenu très individualiste et centré sur la performance personnelle, les soignants se sont sentis revigorés par un nouvel élan de solidarité. »
Beaucoup de soignants présentent des symptômes de stress post-traumatique, notamment au moment de s’endormir. La honte, la culpabilité et la mauvaise estime de soi font également partie de ces symptômes.
« Une émotion n’est ni bonne ni mauvaise : tout dépend ce que l’on en fait. Lorsque nous y sommes attentifs, nous apaisons nos états d’âme. »
« Nous en sortons grandis mais aussi abîmés, blessés. Espérons que nous pourrons tirer parti des leçons de cette première crise Covid pour que la seconde soit plus légère ou du moins plus tolérable alors qu’une deuxième vague de Covid semble se profiler. Comment continuer à prendre soin de soi lorsqu’on se retrouve dans le feu de l’action ? »
Soigner… guérir (téléchargeable) [Soigner à l’heure du Covid-19 – Jean Lacau Saint Guilly -Revue Laënnec 4/2020 (p. 54-55)]